





Je, depuis toujours, me suis considéré comme un alliage de tout ce qui m'entoure. Je suis fait autant de moments que de lieux, de personnes et d’états qui ont su me faire rêver, béat, face aux cinq heures du matin.
Empailler l'aube, c'est un regard tendre que je lance par-dessus mon épaule. Une preuve de reconnaissance portée à ces souvenirs qui forment mes bras, mes jambes et ma tête. C'est une lutte contre l'oubli. C'est essayer d'illustrer un désir, de patcher des moments qui se meurent doucement, trop vite.
Au final, c'est m’ouvrir le ventre pour mieux pouvoir me voir, ou du moins d'empailler ce qui me compose comme une opposition face au temps, une rébellion envers une évidence, une vague qui passe sur des mémoires comme un chiffon mouillé sur un tableau d’ardoise et qui ne recule, qui ne reculera, pas.
Les oeuvres créées ont suivi un processus de création précis en plusieurs étapes. Premièrement, les images choisies sont imprimées au jet d’encre sur du papier glacé. Ensuite, elles sont traitées, de manière aléatoire et individuelle, à l’eau de javelle. Cette étape a comme résultat d’endommager les tirages, d’introduire des taches de vide à l’intérieur de l’impression. Les impressions sont alors scannées, puis retravaillées de manière locale dans le but de reconstituer ce qu’il y aurait pu avoir là où, maintenant, règne l’oubli. Ces retouches sont imprimées à leur tour, puis collées sur les tirages originaux à l’aide de ruban adhésif, illustrant l’aspect temporaire et bancal de la satisfaction de s’accrocher au passé.
Papier collant sur impressions jet d'encre.
2022-2023. images présentées lors de l'exposition Arrêt sur image en juin 2024.